DIRE LA NUIT
. Définition du mot « nuit » : obscurité résultant de la rotation de la Terre lorsqu’elle dérobe un point de sa surface à la lumière solaire.
Mot issu du latin noctem.
. Synonymes : obscurité, ombre, ténèbres.
Ce mot est constitué souvent de la lettre N suivie du chiffre 8 (huit représentant l’infini). Exemples :
N + HUIT nuit (français))
N + EIGHT night (anglais)
N + ACHT nacht (allemand)
N + OTTO notte (italien)
N + OCHO noche (espagnol)
A – Dans un premier temps, trouver des rimes à NUIT.
Pas beaucoup de rimes riches, seul INUIT convient (minuit et belle de nuit sont
acceptables).
B –Une Anaphore, au moins 10 vers. Elle sera spéciale car commençant alternativement par :
JE VEUX DIRE LA NUIT……….. ( 6 pieds)
LA NUIT……………………………………..( 2 pieds)
Donc ajouter 6 pieds aux vers impairs et 10 pieds aux vers pairs car contrainte supplémentaire : écrire en alexandrins.
Myriam a écrit :
Je veux dire la nuit, bleue nuit, la garantie
La nuit de mes soucis, la faim de tout ennui
Je veux dire la nuit, porte des infinis
La nuit endiablée qui folle tambourine
Je veux dire la nuit la vraie l’unique nuit
La nuit des embruns noirs, volatiles amants
Je veux dire la nuit longue nuit des draps morts
La nuit des crucifix glacés qui font les fiers
Camille a écrit :
La nuit et mes chagrins, chute désespérante
La nuit qui me prend à chaque fois dans ses fils
C – A partir de lectures de poèmes( extraits de POÈMES À LA NUIT) de Rainer
Maria RILKE,* rédiger un texte EN PROSE avec pour seule contrainte d’y insérer les bribes suivantes , dans l’ordre :
« la douce nuit qui marche »
« ma nuit à moi »
« c’est la nuit qu’il est beau de croire »
« la nuit, mère de »
« je crois à la nuit »
*R.M. RILKE, de nationalité autrichienne, est né en 1875 à Prague, décédé en 1926 en Suisse.
Texte de Sylviane :
Je sais la douce nuit qui marche si je danse… mais ne vous la raconterai pas. Entre ombres et silences elle coule, me caresse, m’emporte. C’est ma nuit, ma nuit à moi seule et je ne veux pas la partager déjà. Plus de plafond, plus de murs, le soir lisse les barrières.
Alors oui, je danse seule et je m’élève, seule toujours, car c’est la nuit qu’il est beau de croire. Imaginez mon corps qui s’effiloche, mon regard qui s’anime. Mes pas effleurent l’air, je tends le bras, accueillante ; la nuit, mère de tout mon être, de mon bien-être, a des tentations de sirène. Sa voix accroche chaque étoile, doucement, longuement, à mes cheveux défaits.
En ma danse nocturne, je suis alors un peu meilleure moi-même car, sans retenue, je crois à la nuit bienfaitrice.
Soirée autrichienne,
Ce soir-là, Rainer Maria Rilke était venu rendre visite à son ami Stefan Zweig dans sa villa campagnarde.
Ils étaient compagnons en littérature depuis leur adolescence. Après avoir longuement discuté de leurs passions communes pour les lettres, l’histoire, ainsi que de psychanalyse, cette science récente développée par leur Sigmund Freund, Rainer Maria Rilke partit sous un ciel étoilé, dans la nuit fraiche et transparente.
Stefan Zweig, une fois seul, resta longtemps à sa fenêtre à regarder la campagne tyrolienne sous une belle lumière lunaire. Immobile, il prit conscience au bout d’un certain temps de la course des astres dans le ciel, il ne put s’empêcher de dire tout haut : « C’est la douce nuit qui marche, elle nous emporte ma nuit et moi ».
Il venait d’achever une de ses longues biographies dont il avait le secret. Il pensait encore à Marie-Antoinette, dont il écrivait les derniers mots de l’histoire de sa vie. C’était une femme qui ne laissait jamais indifférents ceux qui l’approchaient. Il se rappelait avoir décrit les fêtes nocturnes qu’elle aimait tant et ses rencontres hasardeuses sous les masques et les déguisements. Il pensait qu’il aurait pu lui faire dire « C’est le nuit qu’il est beau de croire », tant l’ambiance y est propice aux abandons sans retenue, sans calcul, juste pour le plaisir. Mais la nuit est aussi la source de nos rêves et la mère de nos méditations les plus profondes.
Il lui revint alors, que tout à l’heure son ami Rilke lui avait dit en partant, « Dieu que la vie est belle, je crois à la nuit… ».
En refermant ses volets, Stefan Zweig se promit de parler de ces réflexions à leur compagnon Sigmund Freund !