Atelier d’écriture du 27 septembre 2016 : « les paroles du silence »

LES PAROLES DU SILENCE

« Les dernières paroles du défunt furent un silence farouche » (L’Est républicain.)

A – Imaginons la scène. Choisir une image comme lieu et la décrire. Contrainte : MOTS INTERDITS avec leur suite :

interroger – jamais – éternel – mots – toujours- paroles – soupir – mort – tranquille dernier – drap – lit –

Georges-Alain avait choisi le jour, l’heure et tant qu’à faire, le jour de son lieu d’agonie. Ce serait un samedi, à 11h30, jour du marché bio. Il savait que ses amis passeraient. Et jubilait de leur infliger un tel spectacle. Que des inconnus en profitent aussi n’était pas pour lui déplaire.

Il avait appris que pour émettre des râles impressionnants, il suffisait d’ingurgiter un peu de strychnine. Lui l’acteur, accessoirement professeur, doué du verbe, allait disparaître dans un violent silence.

Cela faisait cinq mois qu’il avait choisi de se suicider. Histoire de pimenter la chose il souhaitait une sortie originale. Il s’était entraîné. Lui le bavard, s’était mutilé trois fois, pour apprendre à hurler sans bruit.

Le jour J il quitta son appartement après avoir tué sa chienne le plus gentiment du monde. Plus rien ne le retenant il s’installa, en habitué. A la terrasse du Melting Pot, place du Forum. Il commanda un café.

 En guise de sucre il versa quelques grammes de strychnine. Les hauts de cœur débutèrent, les râles s’enchaînèrent. Ses yeux se révulsaient. Il  pouvait se rendre compte de ce qu’il avait voulu. Et il était servi.

Ses amis se précipitèrent, des inconnus le secouèrent. Les commerçants cessèrent dans la foulée de marchander. Cette parenthèse dura, à tout casser, trois minutes.

 Georges-Alain, plus que ravi, était parti. Ailleurs. Bien loin. Mais tant qu’à crever, autant crever heureux. Mais surtout, surtout, en silence.

Marie-Christine P.

B – CE QUE DIT LE SILENCE … répondre aux 3 interrogations :

quand ?

comment ?

Un papillon avec vos 3 courtes réponses. (un seul mot peut suffire) Échanges et écriture d’après celles récupérées au hasard.

Premier texte :

Ce que dit le silence (mots hérités de Monique : Où?  = dans la nature. Quand? = le soir. Comment ? en catimini)

Depuis que je sais que le silence parle, je fais tout pour discuter avec. Avant d’y parvenir j’ai testé pas mal d’endroits. Et de moments. Les greniers, les forêts, les cimetières. Le jour, la nuit, l’été, l’hiver. J’en passe, et des meilleurs.

J’en suis arrivée à la conclusion que le silence se manifestait au mieux le soir, dans la nature, et quand on y allait, en catimini.

Dans ces conditions-là, et uniquement ce lles-là, on est  baba. Du moins c’est mon cas. Quand le silence se met en branle, un échange s’opère. Naturellement. On est envahi de vide. Bercé par l’acuité.  On n’est pas seul. Le silence ne dit rien. C’est déjà beaucoup. J’adore discuter en silence…

Marie-Christine P.

Second texte :

Tenant compte des réponses aux 3 questions !

(Où ? = le jour J . Quand ? = mon cercueil. Comment ? = bouche cousue )

écriture déclenchée par la photo ci-dessous :

atelier-octobre-2016 Au moment où se produisit la scène finale, le rideau fermé,les spectateurs se dispersèrent pour quitter leur fauteuil.

Les lumières s’éteignirent , il restait à peine une lumière diffuse, les acteurs et le personnel du Théâtre se hâtèrent de partir.

Seul un vigile resta dans le hall, un silence moribond régnait puis il s’installa tranquillement dans la salle de représentation, entendit un râle qui résonnait, il sentit une présence comme un appel au secours, un sifflement lourd et pesant l’effrayait alors il commença à chercher d’où venait ce bruit.Il arriva au premier rang, il aperçut une forme qui gesticulait bizarrement, il s’approcha et que découvrit-il, un homme affalé sur son siège , un couteau dans la poitrine, cet homme le fixa, apeuré, marmonna, leva son bas gauche avec difficulté pour montrer la scène et lui dit doucement « c’est la fin pour moi » et cria : rideau !

Le vigile rentrant chez lui au petit matin, se dirigea dans la salle de bain, le stress Leila éclairait la pièce, l’aveuglait, il se mit à penser à cet homme qui avait perdu la vie seul, assassiné et qui lui lança à son dernier souffle les dernières répliques de la fin de cette pièce qui s’était jouée la veille.

Claudine P.

C – MONOLOGUE DE LA VENGEANCE de celui ou de celle qui part en gardant SON SECRET-

Premier texte :

Julien et ses camarades se retrouvent au cimetière le jour J, un silence de paix les interpellent , il est 6 heures, le gardien va arriver dans quelques heures, il va falloir faire vite, cette course aux trésors n’est pas une tâche facile, les garçons avancent a petits pas, bouche cousue, inquiets et  décidés.

Ils ont rencontré il y a peu de temps, un vieil homme qui leur annonça que bientôt il partirait rejoindre l’au-delà et voilà ce qu’il raconte.

« Le jour de mon enterrement, mon cercueil sera mis dans la chapelle de ma famille, j’aimerais que vous veniez chercher et vous partager mon trésor, je vous laisse le soin de le trouver. »

Les voilà devant la chapelle , une lueur apparaît à travers la grille, un silence de mort y règne, ils hésitent, franchissent courageusement la grille, le cercueil n’est pas la, ils se regardent et fuient à toute vitesse.

Claudine P.