Atelier du 18 avril 2017 : « Jardins »

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JARDINS
Définition : terrain généralement clos où l’on cultive des végétaux utiles ou d’agrément. ( de l’ancien français gart, jart puis gart, gardo : clôture – XII° siècle). La promenade commence ; dans ces jardins nous allons trouver patates, navets, fraises et tomates !
Synonymes : clos -enclos -garderie – parc – square – verger – potager – zoo – hort – espace vert –
A – Dans un premier temps, cherchons des synonymes de 4 noms : FRAISE – POMME DE TERRE – TOMATE – NAVET, puis des dérivés et enfin des proverbes, dictons ou expressions françaises les utilisant dans le langage courant. Ne pas ignorer l’argot !
Nous procédons oralement au partage de nos trouvailles.
. Fraise: fruit – outil de dentiste ou de métallurgiste – abat de veau – collerette ornementale pour hommes et femmes- ramener sa fraise – aller aux fraises – sucrer les fraises – envoyer sur les fraises – certains énormes de nez figurant dans les tableaux flamands – fraise Tagada – fraisiériste – fragiforme – fraiseraie –
. Pomme de terre : patate – 10000 anciens FRF – coup porté – nigaud ( insulte) –
avoir la patate – mettre une patate – se crever la patate – en avoir gros sur la patate
un champ de patates ( terrain bosselé) – faire patate ( échouer) –
. Tomate : fruit/légume originaire d’Amérique – apéritif anisé – jeu de ballon des enfants – militaire : grenade offensive ou défensive – rouge comme une tomate –
. Navet : légume ( racine) – nave– rave – pâle ( blanc comme un navet) – stupide ou nul ( mauvais film) – être frileux ou craintif : avoir du sang de navet –
B – Mémoires d’un jardinier-
Il s’agit d’imaginer un récit incluant certains mots du vocabulaire en notre possession.
CONTRAINTE :
Y inclure en plus les 3 phrases suivantes, à votre guise , mais entières :
. tous ces violons anxyogènes me hérissent le poil
. sur le tarmac, avec des talons aiguilles dorés
. il y aura toujours une marée noire dans leur mémoire
TEXTE DE MARIE-CHRISTINE :
C’était pas trop tôt ! Après 12 ans de galères sans nom j’avais obtenu ce fichu CAP de jardinier. J’y étais impitoyablement vouée.
Je déteste et les fleurs, et les fruits, et les légumes. Mais chez nous on est jardinier de père en fils. Y compris les filles… Je n’avais pas le choix …
Pour mon premier oral (il avait lieu en plein air), et pour épater les jurés, je suis arrivée SUR LE TARMAC AVEC DES TALONS AIGUILLES DORES. Je n’ai eu aucun succès. Et un zéro pointé. La deuxième année j’ai ramené ma fraise. Je me suis présentée avec un pipeau. Je voulais faire croire que les navets pouvaient, comme les serpents, se gondoler quand on le voulait. Le jury n’y a pas cru. J’ai reçu des tomates.
A force j’en avais gros sur la patate. Je ne supportais plus les remarques. A la maison, on me mettait la pression. TOUS CES VIOLONS ANXYOGENES ME HERISSAIENT LE POIL. D’ailleurs, d’année en année, je faisais patate…
Ce n’est que la douzième année que j’ai, vraiment par obstination, et non par vocation, mis au pas patates, fraises, tomates et navets…Mais au final tout ça pour quoi ?
Le CAP en poche, je venais à peine de quitter le lycée agricole qu’une voiture m’a percutée. Tout juste diplômée je me retrouvais, dans la foulée, handicapée.
Je n’ai pas de sang de navet. Je me suis donc entêtée. Même appareillée je voulais jardiner. Hélas ! Les roues de mon fauteuil ont tout saccagé. Je creusais des sillons. Mais pas les bons. J’ai vite saisi que je ne pourrai ni semer, ni arroser, ni effeuiller.
Il paraît que les habitants du jardin me languissent. En douze ans ils avaient eu la sensation que je les aimais. Je détiens juste le record mondial d’obtention du fichu CAP de jardinier. Je n’ai aucun amour pour ce métier. Au final IL Y AURA TOUJOURS UNE MARÉE NOIRE DANS LEUR MÉMOIRE.
Bloquée dans mon fauteuil, le regard au plafond, puis par terre, une fois à l’est, une fois à l’ouest,
 je sucre les fraises. Comment pourrais-je, même diplômée de ce foutu métier de jardinier, avoir la patate ?
TEXTE DE FRANCIS :
Histoire de jardinier. 2
  • Au cœur de la nuit, l’homme se réveilla. Il se leva et à tâtons se dirigea vers le
    couloir. Il trébucha sur un sac, ce qui nous valut un juron murmuré mais très
    clairement intelligible. Au bout de quelques minutes, il traversa le compartiment dans le sens contraire pour reprendre sa place sur la banquette. Le train roulait à vive allure et nous nous assoupîmes à nouveau. Combien de temps ? Ce serait difficile à dire. Brutalement, les lumières des plafonniers du compartiment nous aveuglèrent.
    « Messieurs-dames contrôle des billets… »
    Tout le monde sortit de son sommeil et de sa poche son billet. Le contrôle fini, personne ne put se rendormir. Un début de conversation fit place au silence et le maladroit qui nous avait dérangé commença à parler, seul, sans même se préoccuper de nous, comme dans un rêve éveillé« Tu parles d’un contrôle ! En pleine nuit ! On dort ! Non ? Mais pas dans un train ! Tous ces violons anxiogènes me hérissent le poil ! Vous ne les entendez pas, sous le rain, les violons des essieux surchargés ? Tiens, tout ça me rappelle quand on livrait le terreau dans le parc du château… ça ne vous dit rien ? »
    Personne n’osa l’interrompre, par fatigue, ou par stupeur.
    « Ils y livraient des tombereaux de terre pour les parterres. Moi je la répandais comme de l’or car la terre c’est de l’or. La toucher me donnait des frissons. Je la lissais, je l’étalais, je la modelais, pour y planter des massifs, des fleurs, des arbres, et même des légumes car je mêlais la nature tout entière à la nature. Avez-vous déjà vu des fleurs de pommes de terre, des artichauts ? Avez-vous déjà touché des feuilles de navets ? Non bien sûr… vous, vous aimez les jardins en plastique, ceux des centres commerciaux ou des mairies !
    Un jardin c’est un morceau du monde qui est à vous, un Bon Dieu que vous
    façonnez dans vos mains… j’ai fait ça 43 ans… mon jardin… vous ne pouvez pas vraiment comprendre.
    Puis un jour ils l’ont vendu mon jardin. Pourquoi faire ? Une piste d’atterrissage en prolongement de l’aéroport… ça a duré trois ans, les travaux. Je ne voulais pas y croire jusqu’au jour où j’ai vu de l’autre côté de la grille qui nous séparait, une femme marcher sur le tarmac, avec des talons aiguilles dorés ! J’ai tout de suite compris, c’était la nouvelle gonzesse du préfet ! C’est elle qui voulait tout ça.
    De toute façon, vous ne pouvez pas comprendre. Mais qu’on se méfie, car il y a des retours, ils comprendront un jour qu’il y aura une marée noire dans leur mémoire. » Quelqu’un se leva pour éteindre les lumières. Le compartiment se replongea dans l’obscurité. Seules les fenêtres laissaient jaillir des bribes de lumière de temps à autre, des lumières qui défilaient comme des fantômes écrasés par la vitesse du train.
    Mais étions-nous tous rendormis ? Je l’ignore. Moi je suis resté longtemps pensif, presque blessé par le récit d’une telle vie dans laquelle tant de beauté avait pris place, imperceptiblement. La souffrance, les dégâts de l’orgueil, l’indifférence et la cruauté me parurent effroyables.
C – Logorallye « Au jardin de la Fée Tulipe » – Un logorallye est un exercice
lors duquel des mots sont donnés en cours d’écriture ; il faut les incorporer
immédiatement et, bien sûr, dans l’ordre donné.
CONTRAINTES :
. Mots interdits : jardin – jardiner – jardinier- jardinerie – jardinage –
.Ce texte doit être court (chacun donnera un mot à insérer). Autre contrainte : chaque écrit devra commencer par l’incipit : « Des capucines bavardes avaient pris d’assaut le lac »
.Les mots à insérer sont, dans l’ordre : pulluler, histoire, oser, définitivement, sel, nuages.
TEXTE DE MARIE-CHRISTINE
Des capucines bavardes avaient pris d’assaut le lac. Sales bestioles déguisées en fleurs !
Elles PULLULAIENT. Se reproduisaient. L’envahissement était leur but. Leur philosophie. Leur HISTOIRE. Quelle vie pourrie… Qui donc OSERA donc un jour se lever pour les éliminer ? Les éradiquer ? Les exterminer ? DÉFINITIVEMENT. Implacablement…
Pas à coup de marteau. Mais de râteau. Soyons écolo. Il paraît que les capucines détestent le SEL. C’est sûrement pour ça qu’elles fuient la mer. Et se réfugient près des lacs. Elles s’y prélassent. A longueur de temps. Sous le soleil. Ou les NUAGES. Tout leur va.. A moi pas…
J’ai décidé ce matin d’entamer le combat. Et de mettre au pas ces capucines à la noix. Je vais leur clouer le bec ici-bas. A moi on l’a fait pas…
TEXTE DE SYLVIANE
Des capucines bavardes avaient pris d’assaut le lac. Des capucines d’un jaune orangé flamboyant qui pullulaient, comme dégoulinant de la colline fraîchement tondue. C’était toute une histoire que cette possession intempestive et colorée ! Les gens s’interrogeaient : mais qui avait osé ? et comment ? Avec quel engrais magique ? Ils ne quittaient pas le lac des yeux, définitivement émerveillés. Et interloqués aussi car cette transformation, comme un nouveau sel, attirait des nuées de visiteurs. Tous restaient éberlués, subjugués… et inquiets, aussi, guettant dans chaque nuage le moindre petit indice.
Et puis arriva LE jour mémorable. On entendit un immense rire provenant des profondeurs du lac. La Fée Tulipe était donc revenue, vengeresse, pour un printemps de capucines, somptueux et bavard !
TEXTE DE MYRIAM :
Au jardin de la fée tulipe –
Des capucines bavardes avaient pris d’assaut le lac. Fières dans leur robe ensoleillée, elles pullulaient en vagues concentriques et tournaient leurs pétales vers les beaux cygnes blancs qui paradaient en dessinant leur histoire d’amour et de consanguinité. La fée Tulipe osait habiter la puanteur de la cabane des canards sur l’îlot prés de la balancelle et du petit pont de bois. Elle ne sortait définitivement que la nuit quand les corolles se refermaient pour ne pas transmettre la poudre reproductive aux espèces allergiques. Elle voletait de ci de là, évitait les capucines bavardes et envahissantes dont le sel de leurs conversations lui échappait sans cesse. Il faut dire que la fée avait une mémoire de moineau et la poésie d’un crapaud ; elle se trompait souvent de sort, en jetait aux nuages et provoquait de grandes inondations qui lessivaient les plantations et noyaient parfois les animaux sauf les paons qui s’en sortaient toujours.
D – Petit poème avec des rimes au mot JARDIN , exclusivement : D I N
TEXTE DE MONIQUE :
AMOUR INCARNADIN
C’est sur un ton badin
Que le blondin dandin
Amoureux de Rodin
La nuit dans son jardin
Eternel baladin
Ecrit vers muscadin
TEXTE DE FRANCIS :
  • Sur un fruit de lumière au reflet smaragdin
    Danse d’éternité comme un soleil badin
    Qui plonge la forêt dans un bruit de gradins.
    Un lézard magnanime assis sur un rondin
    Se donne l’air troublé d’un ténébreux gandin
    Dont les ongles d’ivoire apparaissent anodins.
    C’est le monde oublié des jeunes citadins
    Qui comme la marée happent les ragondins.
TEXTE DE SYLVIANE
Un tout petit blondin
marche dans le jardin
sous un bonnet andin.
On dirait un gredin,
son sourire est radin,
pas du tout baladin,
rien d’un beau muscadin…
C’est un périgourdin
sous le bonnet andin :
des yeux de ragondin,
des lèvres en rondin,
une odeur de grondin !
Un tout petit blondin
sous un bonnet andin
pénètre mon jardin !
TEXTE DE MYRIAM :
Viens mon ami muscadin
Partageons sel et grondin
Viens par les airs Aladin
Fuyons climat citadin
Ris et pleure badin
Assassine tes mots gredins
Tisse pour moi poncho andin
Aux délices des grillardins
Entre tes doigts Rodin
Plus rien d’anodin
Mes flancs petits boudins
Et mes allures dandin
Membres longs et ondins
Comme un mascaret radin
Atelier du 18 avril 2017 Sylviane Blineau                     images