Atelier d’écriture du 16 février 2016 : descente

Nous voici à l’époque du Mardi-Gras… Question importante : dégusterons-nous des crêpes ? Finalement non, ne pas nous disperser, ne pas trop bavarder, laisser s’installer une atmosphère zen propice à l’écriture. Nous nous contenterons de thé afin de nous imbiber de bien-être et j’annonce le thème du jour :
DESCENTE
On me fait remarquer que la fois précédente nous avons écrit sur la montée… Heureuse coïncidence !
Un superbe poème servira d’ossature à notre  séance d’écriture. Il est de Gérard Neveu * et le voici :
*(Gérard Neveu né à Marseille en 1921, mort à Paris en 1960, suicide. Il fut le fondateur de la revue « Action Poétique », mais sa vie ne fut qu’errance, déchéance et dépendances diverses.)
DESCENTE
Amère ma rosée
Sur les bouches tendues
N’abandonne pas
Ces lumières tremblantes
Ni cette densité
Où germent la soif
La faim
Peut-être que dans les poitrines
Une rose
Veuille à la stricte monotonie
Des astres
Peut-être un chien
Un buisson de fenêtres
Peut-être
Une femme buste lumineux
Peut-être une mort
Et la descente douce vers l’eau
De ceux qui savent
Poème lu, relu, des notes sont prises et nous nous imprégnons peu à peu de son ambiance, des sentiments et sensations évoqués.
A – Afin de récolter un vocabulaire, nous avons utilisé une grille verbe + article + mot à partir du verbe SENTIR. Nous avons ainsi engrangé 15 mots chacun (chacune)… et au final n’en avons gardé qu’un. LE mot ! Un mot par participant, donc six cette fois.
Ces mots sont à incorporer dans un écrit intitulé «  DESCENTE » :
jupes – épine – déluge – liaison – tornade – frondaisons –
B – À partir de ces ingrédients… comme pour une recette, nous avons élaboré nos textes.
En voici un exemple :
DESCENTE VERS AILLEURS
Peut-être la descente douce vers ailleurs, bien au-dessous des FRONDAISONS serait-elle la solution ? J’ai dans les yeux tant d’interrogations… Ailleurs n’est qu’un mot, mais quel mot ! Mot plaisir, comme un parfum, un éventail de couleurs vives. Mot suscitant des espérances à foison, envol de papillons exotiques…
Ailleurs également brûlé d’ocres violents, comme dans ces TORNADES affligeant certaines terres. Ailleurs à inventer ? Là, dans le DÉLUGE de mon désespoir, je ne veux que m’extraire d’un passé devenu lourd ; une LIAISON malheureuse me cloue encore dans les hautes sphères d’un espoir qui s’effiloche.
Il me faut donc redescendre, heure après heure, nuit après nuit. Déchirer mes JUPES de tristesse, accepter d’avoir perdu, de souffrir bêtement. Mais chaque descente menant aux réalités de l’existence n’est parfois qu’ ÉPINES, je le sais. Un sourire m’effleure, demain se précise dans cet ailleurs que je dois construire..