Atelier d’écriture du 12 avril 2016 : ici ou là

ATELIER DU 12 AVRIL 2016 –
Nous allons aujourd’hui nous promener parmi les adverbes à partir d’un texte poétique canadien. Sa beauté vient certainement de son style percutant, renforcé par la répétition de l’adverbe de lieu ICI. S’y ajoute la rudesse du thème. L’auteur en est Pierre MORENCY (Poèmes de la froide merveille à vivre).
J’ai demandé avant tout un texte fort, contrainte surprenante pour certains mais pas anecdotique. Il y a eu beaucoup de textes très forts, émouvants. En voici deux exemples.
A – REMETTRE CE TEXTE EN FORME
(Ce qui est imprimé en rouge doit rester inchangé.)
Camille :
C’est ici que je viens me ressourcer, réfléchir, me régénérer
Et que vous, dans ces moments-là, vous habitez toutes mes pensées.
C’est sur cette petite pierre, près de cet étang si paisible, que je rêve et
Où je suis ici plus heureux que nulle part ailleurs
Où je suis ici plus apaisé que jamais
Et plus enclin à vous accepter et plus décidé pourtant à vous quitter !
Ici et pas ailleurs. C’est là, là que j’existe vraiment,
Ici que je me restructure,
Ici que je me bâtis sans cesse.
Le nord n’est pas mon espérance. Seul m’intéresse le chemin de votre cœur et
Il est ici, en ce lieu où je peux vous idéaliser à ma guise.
Le désarroi de la réalité m’afflige. Mon amour pour vous…
Il est ici.
Le plus merveilleux de vous n’est pas dans la vraie vie !
Il est ici et nulle part ailleurs.
Et c’est sur les ondes irisées de cette eau au soleil couchant
Et c’est sur le vol des oiseaux venant boire ici le soir qu’
Il fait plus doux , ici que je veux rester à rêver.
Il fait meilleur ici que dans la ville, dans le bruit infernal du monde moderne.
Car c’est ici qu’ enfin je vis et qu’ enfin ici je veux grandir.
Ici et pas dans dans la société des autres,
Ici et même pas dans ma propre famille.
Yvette :
C’est ici que je retrouve l’ambiance que j’aime : m’investir et lutter, lutter contre toute injustice, contre la pauvreté.
Et, que vous aimiez la lutte ou pas, décrier les anomalies de cette société.
C’est sur cette place que tout a commencé il y a quelques années.
Où je suis ici plus déterminée, moins docile
Où je suis ici plus motivée et plus déterminée à agir
Et plus décidée à défendre mes objectifs.
Ici et pas ailleurs, je crois, que je me battrai car c’est
Ici que j’ai vécu depuis mon enfance et
Ici que tout a commencé.
Le nord n’est pas le sud et les mentalités sont bien différentes, climat rude,
désertification liée à la décentralisation des usines…
Il est ici, mon avenir.
Le désarroi des habitants s’amplifie.
Il est ici dans ce bassin minier des milliers de chômeurs qui espèrent « l’espoir fait vivre » mais l’espérance diminue quand on a le ventre vide.
Le plus dur, c’est de motiver ses concitoyens car ce n’est pas dans leurs habitudes de manifester. Le problème,
Il est ici et nous devons agir vite, très vite.
Et c’est sûr, la lutte sera longue et difficile
Et c’est sûr, nous ne gagnerons pas facilement, mais la volonté et l’union seront notre force.
Il fait plus froid ici que dans le midi mais
Il fait meilleur ici que dans le désert sibérien.
Car c’est ici qu’il faut vivre et qu’il faut ancrer nos racines
Ici et pas dans un autre univers
Ici et même pas dans des lieux paradisiaques.
B – Nous abordons maintenant les adverbes de TEMPS –
Réflexion personnelle dans cette recherche, puis nous les listons. Il est maintenant demandé – sur le canevas initial – de rédiger un nouveau texte en remplaçant ICI par un adverbe de temps de son choix. Ont été retenus :
. Aujourd’hui – Auparavant – De temps en temps – Naguère –
Demain (2 fois ) – Autrefois (4 fois) –
Texte de Sylviane avec AUJOURD’HUI .
C’est aujourd’hui que je change de vie
Et que je vous invite à m’entendre !
C’est sur cette feuille quadrillée
Où je suis aujourd’hui penchée que je vous le confirme
Où je suis aujourd’hui sincère que je vais tout noter
Et plus enragée de vivre et plus forte encore.
Aujourd’hui et pas plus tard que je brûle les souvenirs
Aujourd’hui que je vide mes tiroirs
Aujourd’hui que je m’envole vers ailleurs.
Le nord n’est pas mon choix
Il est aujourd’hui exclus.
Le désarroi, je le rejette avec force ;
Il est aujourd’hui hors de mon parcours.
Le plus difficile n‘est pas dans la séparation,
Il est dans aujourd’hui et cet aujourd’hui me bouscule.
Et c’est sur cette feuille que je me projette
Et c’est mon dessein que je mets à nu.
Il fait plus clair aujourd’hui que jamais.
Il fait meilleur aujourd’hui que dans tous mes vieux rêves.
Car c’est aujourd’hui qu’une femme recommence à vivre et qu’elle y croit .
Aujourd’hui et pas dans un an
Aujourd’hui et même pas dans une heure.
Conclusion :
.Nous avons apprécié la force d’un tout petit mot comme l’adverbe de lieu ICI,
écrit et réécrit.
.Choisir une répétition n’est pas qu’un exercice de style.
.Pour les adverbes de temps, nous avons constaté leur pouvoir quant à la mise en place du déroulé des récits.