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L’Atelier Mots en Liberté
10 juin 2022
L’atelier Mots en Liberté vous présente des textes rédigés Place des Arts. Le thème en a été choisi de manière collégiale, il s’agit du vent. Le vent, les vents de la narbonnaise, omniprésents. Thème unique, mais grande diversité des idées et des mots.
Dans notre atelier – mis en place en 2009 – on n’apprend ni à écrire ni à calligraphier, mais à jouer avec les mots, leurs sonorités, leurs combinaisons. La dynamique de groupe incite à les coucher sur papier avant de les partager oralement à chaque fin d’atelier. Les textes me sont ensuite adressés par Internet afin d’en produire une page récapitulative, redistribuée dans la quinzaine qui suit l’écriture.
Nos ateliers sont sans prétention littéraire. Nous n’y enseignons pas, nous n’y jugeons pas : nous partageons et très souvent de manière ludique ! La démarche première reste d’amener les écrivants à libérer leur écriture. Pour ce faire, je fournis des consignes, parfois pimentées par l’ajout d’une ou plusieurs contraintes. Il est souvent procédé à des recherches de mots sur le thème, partagés en tour de table. Commence alors la séance d’écriture, suivie de lecture, d’échanges.
Dix éléments du groupe ont participé à l’élaboration des écrits- poèmes ou prose livrés à votre bienveillance.
Voici DE VENTS EN VENTS
Sylviane BLINEAU
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DE VENTS EN VENTS
MARIE-CHRISTINE
A
Je m’en tamponne.
Je suis du genre taquin. Et pas mal dissipé. On m’attend à l’est, je déboule à l’ouest. Je ne fais rien comme les copains. Moi, quand je souffle, il ne se passe rien. Je me déguise en vent, juste pour passer le temps. J’aimerais décoiffer, déranger, déplacer, mais ça n’arrive jamais. Je suis un vent des plus bonaces. Avec moi aucun risque pour les tignasses. Je suis plutôt cool. Je ne sais même pas ce qu’est la houle. Je fais juste une sortie par an. C’est largement suffisant. J’ai plus l’air d’un courant d’air. Je me demande à quoi je sers.
B
Il était annoncé en grande pompe depuis l’avant-veille. Comme il ne sortait qu’une fois l’an, dans le coin c’était vraiment un événement. Pour lui, en revanche, c’était une vraie corvée. Il n’aimait pas qu’on le prenne pour ce qu’il n’était pas. Les gens avaient coché la date sur leur calendrier. Ils espéraient que leur linge, en demi-heure, allait sécher. Que leur appartement, en quelques secondes, ne sentirait plus le renfermé. Ils avaient en grand tout aéré. Ils ne se sont même pas aperçus, qu’en coup de vent, il était passé. N’est pas vent qui veut. Lui fait ce qu’il peut. Mais il peut peu.
C –
(un texte avec des mots qui n’ont que 4 lettres maxi)
Ouh ouh…. le vent, fais pas le bête ! Je sais que tu es là. Et je sais qui tu es. T’as tout faux ! Des fois tu dis être le cers. Des fois, tu te dis vent du nord, de l’est ou du midi. Et puis tu vas dire que tu es de la mer, que tu es le grec ou bien le biso. Non mais oh ! le vent, t’es qui ? Tu le sais, toi, qui tu es et ce qu’il y a en ton sein ? En tout cas c’est pas top du tout de n’en rien dire. T’es trop nul. Vas où tu veux le vent… Fais ce que tu veux. Je ne suis pas fou… Je te suis… Pas à pas. Je sais qui tu es. Ce que tu fais. Et de quoi tu es fait. Pigé ? Ton vrai nom c’est Éole. Tes noms ne sont pas des faux noms. Mais on ne peut pas être tout à la fois. Tu le sais, non ? Qui plus est, tu n’es que de l’air. Que du vide. Que du rien. Tout ce que tu fais là est donc vain. Il n’y a rien de plus vrai : quel que soit ton nom le vent, tu n’es que du vent….
MONIQUE
Le vent à l’accent du Midi
« Il se lève, arrimez le parasol « dit une voix sur le sable. « Qui se lève ? » répond un quidam étendu sur la plage.
« Tu ne le sais pas, on ne dirait pas que tu es d’ici » ajoute la voix. Ce qui provoque cet échange de mots est la tournée du vent du nord.
Ce vent, venu des monts pyrénéens, traverse la plaine de l’Aude, entre la montagne noire , sud du massif central et les Corbières, prend le nom de TRAMONTANE et de CERS près de NARBONNE . Ce fougueux coursier aux pattes enrubannées des parfums du thym et de lavande, débarrasse le ciel des nuages jouant à cache-cache avec le soleil et s’affirme près du rivage de la Grande bleue.
Ce vent « qui rend fou » comme a dit le poète, je l’aime bien.
Il peint la mer de « blancs moutons”, vagues au collier d’écume, fait chanter les roseaux sur les étangs et les cigales dans les pins ,claquer les voiles des bateaux .
Vent puissant et coquin, il soulève les robes des femmes, grigne le sable des dunes. Mais il sait se montrer plus docile, rafraîchissant lorsque la chaleur se fait trop prégnante.
Sachez cependant qu’avec lui il faut redoubler de prudence.
Certains, on va dire étourdis, ignorent qu’il ne faut pas allumer le feu sous les arbres, ou jeter un mégot sur le bitume par la portière de leur véhicule.
L’incendie dévore alors tout sur son passage.
Vent, tu as bercé toute mon enfance. Sans toi le midi ne serait pas le même, gorgé de soleil et de senteurs que tu draines dans ton souffle.
Tramontane ou cers, tu étiquettes le temps de ton empreinte impalpable
B –
Voila qu’il frappe les carreaux, les faisant vibrer de toute sa puissance, peignant le soleil jusqu’au fond de la pièce.
La journée s’annonçait grise et monotone, il avait même plu, tôt le matin.
Que lui arrive- t-t il au sieur ÉOLE ?
Je m’approche de la fenêtre, l’ouvre. A cet instant il semble se calmer.
Je ne peux m’empêcher de l’apostropher.
Que se passe-t-il ?
D’une voix tremblante le vent se met à parler : « Je viens de là-bas, où tout est triste et noir. J’ai soufflé, soufflé tant que j’ai pu, mais rien à faire, le soleil n’a pas paru. Je me suis étouffé même, plongé dans une épaisse fumée que je n’arrivais pas à dissiper. J’en ai eu les larmes aux yeux. »
A ces mots il laisse échapper quelques gouttes.
« Moi, le vent des heures bleues, je m’en suis retourné, emportant dans ma course le grondement de canons et l’odeur de brûlé. Je n’ai pas réussi à éteindre un seul incendie ! ajoute-t-il »
Puis, après quelques instants de silence il me dit « En chemin j’ai rencontré le vent marin au- dessus de la mer. Il jouait à faire danser les vagues, les voiles des bateaux qu’il ramenait vers les terres. J’ai pris sa place. Me voici à bon port.
Je suis venu te dire que là-bas le vent sème le feu, je n’ai rien pu faire et j’ai le cœur
gros ».
Je lui ai répondu :
Emportes moi sur ton coursier
Vent aux ailes blanches
Un ruban bleu dans les cheveux
Je voudrais être un ange
Le cœur rempli d’humanité
Je reviendrai sur un nuage
De ce pays qui fait pleurer
Avec pour seul message
Là-bas le vent sème le feu.
ÉOLE AUX MULTIPLES VISAGES –
Juste un souffle, une respiration, le balancement d’une fleur, Éole, cette caresse qui rafraichît ma joue, un frémissement sur la dune, petit marin sur la mer qui se ride.
Soudain, le vigoureux assaut de la tramontane, l’envol d’un parasol sur la plage, le sable qui s’affole en un tourbillon, une course de nuages dans le ciel,
et mon chapeau qui joue à trappe –trappe, voici le roi aux parfums de garrigue qui fait claquer les voiles, le vent fripon qui soulève les jupons, le vent des mers blanche dentelle , un cheval au galop, le vent du midi, Éole et le bleu.
CAMILLE
LE VENT :
Le vent, ce compagnon qui est si souvent à nos côtés, le vent avec ses voyages à travers toutes les parties du monde, nous apporte en permanence les senteurs les plus suaves, tout autant que les miasmes les plus perfides, et quelquefois mortels. Cette course autour de notre terre ne s’arrête jamais, de jour comme de nuit, été comme hiver. Ce phénomène est universel et éternel.
Dans notre belle région de la Narbonnaise, depuis de nombreuses années, la température de la mer méditerranée toute proche ne cesse de s’élever. Par ce supplément d’énergie qui va en augmentant, le vent qui la survole se renforce d’autant et nous laisse craindre un avenir de plus en plus violent. Pourtant, que ce vent sait être caressant aux premiers zéphyrs d’un matin de printemps, quel étourdissement, quelle excitation à humer les premiers effluves de fleurs d’amandiers. Quelle émotion que d’être emporté à bord d’un voilier en observant les voiles se gonfler au vent portant !
Il est encore plus irréel de vivre, grâce aux courants d’air ascendants, une étrange sensation. C’est de se sentir s’envoler dans le ciel, aux commandes d’un planeur en exploitant la force inouïe de ces véritables pompes thermiques, permettant de s’approcher et même parfois de tutoyer de jolis nuages, et plus rarement, de s’y engouffrer pendant quelques secondes.
POLYMÈLE
Je m’appelle Polymèle, je suis la fille d’Éole. Mon père m’a proposé de prendre des vacances, pendant quelque temps, auprès des humains, pour mieux les comprendre et les soumettre aux lois de l’Olympe.
Je me suis retrouvée à un endroit que les gens d’ici nomment le « Golfe du Lion ». Je m’y plais énormément. Je me lance dès l’aurore sur la mer déjà tiède en compagnie des goélands qui font de jolies arabesques dans le ciel dans un ballet incessant et gracieux. Puis la journée avance, je reviens sur terre au contact des hommes et des femmes qui se rendent près du rivage pour pêcher, se baigner joyeusement ou simplement se reposer, assis sur le sable.
Aujourd’hui, depuis le Sud, mes frères et sœurs viennent me tenir compagnie. Ils apportent, depuis le bout de l’horizon, de gros nuages de plus en plus volumineux et sombres au fur et à mesure qu’ils s’approchent. Je trouve cela très joli et impressionnant. Les mortels prennent peur et ils s’enfuient, ils ont raison de se sentir faibles, en face de ma force. Pour leur prouver ma puissance, je souffle légèrement sur un petit bouquet d’arbres et hop !.. il s’envole dans tous les sens. Maintenant, ce sont les gros nuages qui commencent à se dégonfler, l’eau arrive de partout. Ce spectacle est très divertissant. Mais, hélas ! La nuit tombe, il fait froid et je manque désormais d’entrain. Je vais me reposer. Demain, j’irais m’époumoner un peu sur les toits d’un village proche, je vais encore pouvoir m’amuser à voir courir les humains dans toutes les directions, je ne me lasse pas de ce désordre.
Je suis Polymèle, la fille du dieu Éole et j’en suis fière.
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SYLVIANE
MON VENT GITAN –
Il arrivait chaque mi-nuit.
Ma chambre alors vibrait de tous ses ors épars.
D’où venait-il ?
Ample et brun sous sa cape,
il était là et dans son ombre
se mouvaient des éclats d’ailleurs
où j’imaginais l’univers,
ses musiques, ses glissements,
humant avec délectation
les parfums enroulés à ses cheveux de jais.
Passe-muraille d’air, il venait me frôler
de ses longs doigts d’eucalyptus.
Dans le secret de mon refuge,
son souffle arrachait mes rideaux
à leur mélancolie bleu-nuit,
à mes orages, à mes excès.
Sous ses caresses, longuement,
je devenais alors pervenche.
Se feutraient les voix de corail
et nous savions que le silence
approuvait notre choix tacite :
lui, le passant de la mi-nuit,
moi, l’adolescente rêveuse.
Plus tard, bien plus tard,
j’ai appris qu’il était le vent,
venu de si loin, de trop loin.
Un vent sans nom
que jamais je ne retiendrai
aux replis de ma robe vierge.
Mon vent gitan.
JOURNAL DE VENT –
25 janvier, j’y suis ! J’ai surligné en rose fluo cette date sur mon calendrier car pour rien au monde je ne manquerais cette journée.
J’enfile ma tenue couleur vert tendre, j’accroche à mes cheveux quelques fragments de soleil et me voici fin prêt. Inutile de réfléchir à mon itinéraire, je connais la route depuis si longtemps : c’est le chemin des amandiers.
Sous mes semelles de paille, l’air semble d’éther. Je m’élance, file, m’élève, survole le long liseré blanc des plages. Je serai sage, batifoler dans les voiles du port n’est pas de mise aujourd’hui. Sous moi, du bleu à l’infini, de ce bleu en mélange, outremer, turquoise, strié d’émeraude, des dentelles d’écumes et le roux des herbes brûlées par l’hiver…
Enfin je les aperçois, mes amandiers d’amour, bouquets fragiles blancs et roses posés avec délicatesse sur l’entrelacs des branches. Ils sont miens, leurs corolles miellées m’attendent, béates.
25 janvier, jour d’accomplissement pour un vent narbonnais, de plénitude. Un peu ivre de tant de bonheur, je vais reposer maintenant entre cades et romarins
ROSE
Le vent d’Occitanie
Le vent du Nord
souffle sur l’Occitanie
Sur ses chevaux
Il va le long de la Garonne
Courbant les arbres du canal
Froid et mordant
Il s’engouffre
Dans les ruelles de Carcassonne
Toujours plus fou
Il gonfle les voiles
Des barques catalanes
Aux joyeuses couleurs
Il gifle les tuiles rouges des toits
Ivre du vin des Corbières
Il chante la Sardane
Et fait voler les jupons
Il traverse le Roussillon
Griffe la terre craquelée qui attend la pluie
L’été, il rend plus supportable
le soleil de Narbonne
Il court sur le sable
Renverse les parasols
Imposant à la mer ses caprices et ses humeurs
C’est lui qui gouverne la Méditerranée !
Il agace et rend fou
Mais c’est le vent du pays occitan
Une journée particulière
Cet été, on m’attend pour le Mondial du vent sur les plages du Languedoc.
Mais soudain, un coup de colère me prend. J’en ai assez de cette fête bruyante et de cette foule désordonnée.
Je ne soufflerai pas !
Les voiliers cesseront de glisser sur l’onde, les cerfs volants s’écraseront à terre, les surfeurs dépités resteront sur le rivage, et moi, je m’en irai dans le creux d’un rocher, loin de cette agitation, reposer mon esprit et ménager mes forces.
GHISLAINE
LE NARBONNÈS –
Je suis le vent musicien du matin.
Je me fais zéphir pour le plaisir.
Arrivé rue Droite, la partition commence : je gonfle mes poumons, bascule quelques chaises restées devant les boutiques, arrache quelques affiches en sifflant et claque les volets. Enfin ! Une poubelle à renverser !
Je crée un joyeux tintamarre, boites métalliques, verres, bidons, gamelles, tout s’entrechoque, saute, gambade. Une roue rase les murs, s’emballe, devenue météorite, querelle pour arriver en tête sur la grande place en vacarme insensé.
Les terrasses regorgent de personnes multicolores, insouciantes. Cool, quoi ! En un coup de vent bien ajusté, les petits tickets sous les coupelles s’envolent en papillons blancs, forment une grande arabesque dans le ciel bleu puis, tombant avec grâce sur la Via Domitia, forment une œuvre pointilliste.
Je suis le vent coquin et nostalgique de l’après-midi.
Caché derrière les Dames de France, j’observe les jolies passantes, particulièrement celles qui portent jupes vaporeuses et chapeaux. Je m’engoufre sous les jupons, taquin, je me noie dans les taffetas, les dentelles, les volants, découvrant bas et jarretières. Je jubile en entendant les gloussements et fausses pudeurs, les cris quand s’envolent les chapeaux… Oh, nostalgie du passé ! Aujourd’hui, je maudis cette mode unisexe, pantalons et casquettes vissées sur la tête.
Je suis le vent turbulent du soir.
Je rassemble mes forges, deviens dément, saute la Robine et, Cours Mirabeau, m’enroule autour des platanes, malaxe, triture, déchiquette les feuillages. Les oiseaux se taisent. Les rares passants, obliques sombres, luttent désespérément en une déambulation incertaine. Je désire être encore plus violent et glacial, comme mon cousin le blizzard (celui du côté de ma mère), décapitant toute âme en tempête de neige effrontée.
Soudain,
la honte
je tombe,
je suis las.
Dans mes rêveries nocturnes, je deviens le vent des lointains, des poètes africains, je dessine des mots : comme un vent du désert, se lève la danse du sang de ceux que l’on exclut. Devant l’oeil immobile du chaman, les tambours scandent les rythmes des signes qui sont sur sa peau. Le vent arrache le masque du vent et remonte jusqu’à la source des choses.
NICOLE
Orphelin
Dans les tourbillons du cers
S’envolent les tourments
Emportés loin
Là-haut, là-bas
Chaque feuille arrachée
Message pour les absents
Ou mot pour un amant
Il part comme il était arrivé
Brusquement
Laissant l’air orphelin
Impatient
Fluctuation
Conciliant ou furieux chargé d’iode je tourbillonne sur la grève et les flots au gré de mes humeurs.
Si le soleil m’accompagne je déroule des caresses satinées enrobant d’un voile doré les estivants épanouis sur le sable.
Quand les nuages sombres dominent je m’époumone courroucé sur les lames de la grande bleue creusant des vallées outremer et des crêtes d’écume. Alors chaque surfeur se retrouve prisonnier d’un tunnel en spirale vorace auquel il tente d’échapper.
Parfois la fureur m’habite vraiment alors je hurle les rimes de Victor Hugo aux pêcheurs ballotés. De tempêtes sombres en coup de tabac chagrin je me repais de leur frêle bateau.
Quand ma respiration s’essouffle je laisse la place aux doux zéphirs permettant aux vivants de retrouver la quiétude, les couleurs vives.
Le cers, le marin, le grec se relaient ne sachant pas que plus haut, plus loin c’est moi qui les aiguille. Au gré de mes désirs. Moi Jupiter.
Traversée
Aujourd’hui je ne suis pas mousson sèche qui hurle malmenant ce pauvre rafiot mais alizé gardien embarqué dans le cœur d’une enfant de dix ans. Avec elle d’autres enfants, quelques adultes jetés par désespoir dans ce frêle esquif.
Son cœur inondé de larmes se mêle au sel des lames de l’océan. Après avoir dit adieu aux parents désespérés rêvant d’un avenir dans cet ailleurs qui les a dominés pendant des décennies.
En partage avec elle : chaleur, soif, quelques grains de riz au milieu d’un désert bleu, gris, noir. Lutter contre les souffles violents qui rêvent de les engloutir, les guider vers une étoile pilote qui les mènera près d’un navire bienfaiteur comme on le dit dans la rizière. Des précurseurs ont écrit de là-bas, on prend soin d’eux.
La bonne route dans cette immensité je la connais, je vais souffler pour les accompagner vers le grand bateau de passage qui les hissera sur le pont de la liberté.
Dix jours ont passé, ballotée du creux des vagues aux lueurs de l’espoir des mains l’ont accueillie.
Quand je l’ai quittée elle m’a remercié en chuchotant son nom : Bich Boat People.
GUY
Le vent mauvais
1
Même le jour, dans la lumière
Souffle le vent mauvais,
Emportant les pensées, ces pauvres feuilles mortes.
Souffle le vent mauvais
Sur le corps et l’esprit
Qui perdent assaillis
Leurs pensées, leurs envies,
Écorces sèches et sonores.
2
Quand arrive minuit
Et que le soir bien las pose un crêpe tout noir
Qui voile toute chose,
Alors notre âme, pauvre Naute,
Est réduite à lutter contre les vents contraires.
Quand le sombre horizon pousse un souffle mauvais,
Harcèlement constant, le clapot se hérisse.
Il vient frapper l’esprit…
Ni colline bleutée, ni vallée assoupie :
La vie, la nuit, n’est qu’une crête aride.
Le moi, les yeux brûlants progresse lentement
Fixant sur les côtés
Des arêtes striées, une nue insomniaque.
Il va rôdant, et tristement mesure
Un espace incertain, sa sinistre masure.
3
Après le vent mauvais nous vient le vent léger,
Haleine souple et apaisée
Qui doucement se pose
Et s’en va caresser,
-C’est à peine s’il l’ose –
Les paupières des cerisiers,
Les cernes délicats du timide amandier.
Ce souffle parfumé s’approche et rafraîchit
Le haut front des maisons, leur chevelure blonde.
Il baigne aussi leurs yeux que la nuit a bleuis.
Alors le jour vivant se lève et avec lui
Loin au-dessus des brouillards délétères,
Le souffle de la vie,
L’haleine de la terre.
DANIÈLE
Je suis le vent du Sahara
Je viens du désert, je suis très chaud et très sec, je recouvre d’une fine poussière ocre les feuilles des jardins et les fenêtres des maisons.
J’arrive du sud, j’ai voyagé sur les plaines ibériques.
Je souffle 3 jours ou 6 jours ou 9 jours.
Je suis cactus palmier, fennec des sables, je suis musique arabo andalouse, thé à la menthe.
Je suis un voyageur libre,
Je suis les femmes berbères avec l’eau précieuse portée sur la tète.
Je vous apporte l’indépendance des hommes bleus du désert, gardiens des traditions des oasis au pas des chameaux.
Je suis un artiste avec ma palette de couleur : ocre, brun, sépia et jaune orangé sur la neige.
Je suis sculpteur de dunes.
A Narbonne je me sens chez moi, cette ville sarrasine s’appelait Harbuna il ya quelques temps.
Je suis la bataille de la Berre en 737 à Peyriac de mer.
Rien n’a changé la garrigue et ses buissons de thym, romarin embaument ; j’effeuille les asphodèles et les coronilles, j’ébouriffe les flamands roses dans les lagunes ;
Rien n’a changé : les iles de Lotte du Soulié et la presqu’ile Saint Lucie, sauvages et secrètes me regardent passer…un peu moins de moutons et de petits chevaux arabes.
e revois les hordes de francs cruels descendus du nord de l’Europe ; ils ont assiégé toutes les villes du sud, les ont brulé ; Narbonne a été vaillante et a résisté longtemps mais à la bataille de la Berre le sarrasins ont capitulé, je me souviens la mer s’est teintée de rose, un vrai massacre.
Aujourd’hui ils ont installé des lions et des girafes sur les collines derrière Peyriac sans doute pour que je ne sois pas trop dépaysé, moi, le vent d ‘Afrique.
Je suis l’étranger et son parfum de mystère
Je ne laisse pas indifférent,
Je suis violent, vivant, ardent
Je suis le Sirocco
ANNIE
Les monts d’Arrée
O mystère des mots d’Arrée
chapelle Saint Michel
ma prière
battue par les vents
O magie de l’Espagne noire
à la Bretagne mêlée
J’ai fait des vœux obscurs
Montagne blême des monts d’Arrée
où l’incendie fit rage
brûlant sur son passage
les plaies des amours mortes
J’ai pris tous les sentiers
qui me détournaient de moi-même
la grêle crépitait sur mon visage
confortant ma course
Il fallait quitter cette terre
l’âme en délire
loin des vibrations du corps
au carrefour des vents
———————————————————————————————————————————
CITATIONS
MONIQUE :
. Le vent essaie d’écarter les vagues de la mer mais les vagues tiennent à la mer (H. Michaux)
. Ce n’était pas une aile d’oiseau, c’était une feuille qui battait au vent (Guillevic)
MARIE-CHRISTINE :
. C’est du grand art que de vendre du vent (Gilbert Keith Chesterton)
. Vieillir c’est aussi savoir combien de choses peut emporter le vent (P. Reverdy)
ROSE :
. C’est que les vents tombant des grands monts de Norvège
t’avaient parlé tout bas de l’âpre liberté (A. Rimbaud)
SYLVIANE :
. Enfant, laisse-moi lever ta robe pour bien te voir ;
ouvre dans mes doigts très vieux la rose bleue de ton ventre (F. Garcia Lorca)
. J’ai laissé pendre ma guitare dans les branches.
Le vent chante tout seul, écoutez sa chanson,
il dit « je veux, moi vent, moi le vent sans maison,
me reposer en toi, guitare aux belles hanches ». (Lanza del Vasto)
NICOLE :
. La cendre ne sait pas ce que pense le marbre,
l’écueil écoute en vain le flot, la branche d’arbre
ne sait pas ce que dit le vent (V. Hugo)
. Les souvenirs sont du vent, ils inventent les nuages (J. Supervielle)
CAMILLE :
. Allons, c’est bien le vent qui gonfle un peu le sable
Pour nous passer le temps (Jacques Brel, dans la chanson « Regarde bien petit »).
.C’est pas le zéphyr N’aurait pu suffire
C’est pas lui non plus L’aquilon joufflu
C’est pas pour autant L’autan
(M. Amont Le chapeau de Mireille, texte de G. Brassens
ANNIE :
.Tout vous est aquilon, tout me semble zéphyr (J. de la Fontaine)
. Maman, le vent me fait la cour
Le vent me trousse et m’éparpille
Le vent me souffle des discours
Fille folle amante du vent
Boucle ton corset
Baisse bien la tête
Méfie-toi qui aime le vent
Engendre la tempête (Anne Sylvestre)
DANIÈLE :
. Pour aller chez toi à pied, il faut traverser les fantômes du vent, ce souffle de la mer en robe de mariée, visitant son désert, longer un canal, monter, monter. (Christian Bobin « PIERRE »).
. Il est très difficile quand on vit dans la familiarité de la mer bourrue de ne point regarder le vent comme quelqu’un et les rochers comme des personnages (V. Hugo)
GHISLAINE :
. Le vent arrache le masque du vent et remonte jusqu’à la source des choses (Ray Cospérec)
. Mais la guerre, arborant la tragédie du sang, détone sur le vent des orgues de Satan (Vincent Marie)
GUY :
Et je m’en vais
Au vent mauvais
Qui m’emporte
Deçà, delà,
Pareil à la
Feuille morte.
(Paul Verlaine, Poèmes saturniens)
. C’étaient de très grands vents, sur toutes faces de ce monde,
De très grands vents en liesse par le monde, qui n’avaient d’aire ni de gîte…
(Saint-John Perse, Vents.)
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L’Atelier Mots en Liberté
10 juin 2022
L’atelier Mots en Liberté va vous présenter ce soir des textes rédigés Place des Arts. Le thème en a été choisi de manière collégiale, il s’agit du vent. Le vent, les vents de la narbonnaise, omniprésents. Thème unique, mais grande diversité des idées et des mots.
Dans notre atelier – mis en place en 2009 – on n’apprend ni à écrire ni à calligraphier, mais à jouer avec les mots, leurs sonorités, leurs combinaisons. La dynamique de groupe incite à les coucher sur papier avant de les partager oralement à chaque fin d’atelier. Les textes me sont ensuite adressés par Internet afin d’en produire une page récapitulative, redistribuée dans la quinzaine qui suit l’écriture.
Nos ateliers sont sans prétention littéraire. Nous n’y enseignons pas, nous n’y jugeons pas : nous partageons et très souvent de manière ludique ! La démarche première reste d’amener les écrivants à libérer leur écriture. Pour ce faire, je fournis des consignes, parfois pimentées par l’ajout d’une ou plusieurs contraintes. Il est souvent procédé à des recherches de mots sur le thème, partagés en tour de table. Commence alors la séance d’écriture, suivie de lecture, d’échanges.
Dix éléments du groupe ont participé à l’élaboration des écrits- poèmes ou prose –
livrés ce soir à votre bienveillance.
Voici DE VENTS EN VENTS –
Sylviane BLINEAU
Juin 2022
[/et_pb_text][/et_pb_column][et_pb_column type= »1_2″ _builder_version= »4.10.5″ _module_preset= »default » global_colors_info= »{} »][/et_pb_column][/et_pb_row][/et_pb_section][et_pb_section fb_built= »1″ _builder_version= »4.10.5″ _module_preset= »default » global_colors_info= »{} »][et_pb_row column_structure= »1_2,1_2″ _builder_version= »4.10.5″ _module_preset= »default » global_colors_info= »{} »][et_pb_column type= »1_2″ _builder_version= »4.10.5″ _module_preset= »default » global_colors_info= »{} »][et_pb_text _builder_version= »4.10.5″ _module_preset= »default » global_colors_info= »{} »]
L’Atelier Mots en Liberté
10 juin 2022
L’atelier Mots en Liberté va vous présenter des textes rédigés Place des Arts. Le thème en a été choisi de manière collégiale, il s’agit du vent. Le vent, les vents de la narbonnaise, omniprésents. Thème unique, mais grande diversité des idées et des mots.
Dans notre atelier – mis en place en 2009 – on n’apprend ni à écrire ni à calligraphier, mais à jouer avec les mots, leurs sonorités, leurs combinaisons. La dynamique de groupe incite à les coucher sur papier avant de les partager oralement à chaque fin d’atelier. Les textes me sont ensuite adressés par Internet afin d’en produire une page récapitulative, redistribuée dans la quinzaine qui suit l’écriture.
Nos ateliers sont sans prétention littéraire. Nous n’y enseignons pas, nous n’y jugeons pas : nous partageons et très souvent de manière ludique ! La démarche première reste d’amener les écrivants à libérer leur écriture. Pour ce faire, je fournis des consignes, parfois pimentées par l’ajout d’une ou plusieurs contraintes. Il est souvent procédé à des recherches de mots sur le thème, partagés en tour de table. Commence alors la séance d’écriture, suivie de lecture, d’échanges.
Dix éléments du groupe ont participé à l’élaboration des écrits- poèmes ou prose – livrés à votre bienveillance.
Voici DE VENTS EN VENTS
Sylviane BLINEAU
Juin 2022
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