ORAGES FÉLINS
Nouvelle séquence inaugurée cet après-midi, remplaçant la précédente : les mots tombés en désuétude…
Elle a pour nom MOTS CAPTURÉS
Aujourd’hui nous nous penchons sur les mots homophones (ayant la même sonorité) :
Prémices, nom féminin pluriel, synonyme de Commencement
et
Prémisses, désignant les propositions d’un Syllogisme (raisonnement logique défini par Aristote).
A -Essai d’une écriture non conventionnelle, non convenue. Plutôt une recherche à partir de certains mots de base qui sont :
ORAGE
FÉLIN
LESSIVE
ORGUEIL
ROSELIÈRE
TÉTÉE
AMARANTE
CIL
Que vous inspirent IMMÉDIATEMENT ces mots ?
Leur trouver des mots adjacents – comme une musique – par le sens, la sonorité, les images qu’ils évoquent, leur couleur, leur éventuelle musicalité. Ne pas oublier les verbes dans cette liste.
Ces mots seront les déclencheurs de notre balade poétique. Les éléments des textes sont en place.
B – À partir des consignes A, écrire sous la forme de votre choix un texte poétique dont le titre sera « orages félins ».
Par Marie-Christine : ORAGES FÉLINS –
Je suis à la dérive et j’enrage
C’est la faute à l’orage
J’ai pas eu ma tétée
Je suis toute attristée….
Je suis un félin sans bagage
Un léopard sans âge
Je le dis sans orgueil
J’avais bon pied bon œil…
Désormais je suis lessivé
Le chaos a surgi où je vivais
Je n’ai plus de poils, plus de cils
J’ai vraiment l’air d’un imbécile….
J’ai une vie pas marrante
Et celle d’avant me hante
Le long des rives roselières
Je feule en vain et j’y erre….
Je suis un félin hébété
Attristé et entêté
J’enrage après cet orage
Qui m’a laissé sans bagage….
C’était un orage félin
Par Sylviane : ORAGES FÉLINS –
J’irai par les roselières mouillées, me faufilant entre les hautes tiges où le vent aime à jouer. Tel un félin, je chasserai les mots sans importance. Ceux que tu disais chaque soir et que tu oubliais chaque matin.
Enfant fragile, j’irai téter les stries du ciel, seule. Si seule maintenant. Dans mon avidité, j’aurai des coulures de lait sur les lèvres, des impatiences aux seins. Et je renierai l’heure, seule avec les oiseaux, dans les pas d’une fin d’été.
Sur mes cils, quelques perlots. Mais aucun regret. J’aurai tant à effacer, tant – tout – à oublier… Terrible lessive aux eaux de notre passé. Dans la senteur des amarantes, je m’emparerai du rouge en panaches. Aux doigts, leurs fleurs arrachées aux herbes.
Mais l’orage, dans son orgueil d’orage, ne me fera pas renoncer. Avec sa brusquerie d’éclairs blancs, dans le grondement de ses feux, il montrera tant d’arrogance que je lui ferai face. Fière. Féline, prête à bondir s’il m’arrivait d’y entendre ton nom.
Par Simone F. ORAGES FÉLINS –
Les chats errants, en ombre chinoise, se disputent une orange.
J’entends Sylvain : sacrée sucée, dit-il, que cet orage sauvage !
L’orgueil luit toujours dans son œil accueil
Il file dans la roselière ébahie.
Ses cils frangés cachent souvent son regard arpège.
Rosie, une touche paprika sur ses pâles pommettes,
Tresse lierre et roses. De ses doigts, coulent des perles de sang d’un rouge éclatant.
Frêle, Rosie caresse un utopique désir.
Elle cache ses missives dans le lavoir-parloir comme, sa grand-mère naguère.
Les senteurs voluptueuses de la terre heureuse fleurent mes vibrisses.
Lascive sur l’île offerte, féline, éblouie par l’orage, de noirs délires plein la tête,
J’attends l’étrange marin, l’homme bleu. Mon amant.
Par Monique : ORAGE FÉLIN-
Orage à l’horizon,colère,
elle sort de la mousse où elle paressait.
Féline,elle enjambe la baignoire,souple animal au sang chaud,
femme lait que l’orgueil rend belle, altière jusqu’au bout des ongles.
Une fragrance de savon enveloppe son corps qu’elle sèche avec grâce,
elle sent bon,essence de lessive.
Près d’elle, l’enfant dort après la tétée.
Elle le regarde avec tendresse ,revêt son peignoir de soie amarante,
elle était si bien dans son bain : « pourquoi faut-il que sonne ce maudit
téléphone,c’est encore lui, il n’a pas compris cet après-midi ,près de la Roselière,
pourquoi insiste-t-il ainsi » pense -t-elle tout haut.
Orage à l’horizon, colère,
La tempête s’annonce,noires pensées sous ses boucles mouillées.
Il va venir ! Un dernier regard au miroir,une touche de maquillage sous ses longs
cils noirs , et la voilà prête, prête à sortir ses griffes,à bondir,à mordre, féline !
C – Quels sont pour vous les contraires des 8 mots de base (en A) ? Recherche puis même exercice que précédemment pour un nouveau texte CONTRAIRE ( les mots contraires sont soulignés).
Par Sylviane – SÉRÉNITÉ PATAUDE –
Dans le désert, j’avance sans orgueil, infime. Devant moi, des pelletées d’ergs dorés, bientôt mauve. Le soleil va s’éteindre. Que restera-t-il des amarantes et des roux ? Comme pour un grand dépeçage, les ombres s’arrondissent, enserrent chaque forme devenue terne, barbouillent le moindre relief.
Le silence, la vie autre, tout en sérénité, bientôt nous envahit. Voici venu l’instant des arrêts sur nous-mêmes. Introspection dans la simplicité splendide d’un bivouac à la belle étoile. Feu de bois . Crépitements de vie. Face à face avec les heures passées…
Et moi, pataude, submergée. Bientôt ivre de sommeil.
Demain, dès l’aube, le rose puis le rouge. Demain, à nouveau l’ombre des dunes.
(Avec les contraires : orage/sérénité – félin/pataud – lessive/barbouillage –
orgueil/simplicité – roselière/désert – tétée/dépeçage – amarante/terne –
cil/pelletée.)
Par Marie-Christine : PATAUD SOUS LA BRUINE –
Je suis un moineau pataud
Qui baigne sous la bruine
Je me suis pris un râteau
Par une mouette féline….
Dans un silence terne
Je prépare la becquée
Pour mes petits dans la caverne.
Ce sont de véritables roquets….
Avec eux, c’est tout le temps le bazar.
Ils jouent à la pétanque avec des œufs.
Je crois qu’il n’y a pas de hasard :
Gamin, j’étais, pile-poil, comme eux….
Par Simone F. -ORANGE EMBELLIE –
Orange embellie, calme mélancolie.
L’orgueil félin mate la rosière, lacérée.
Visage amarante, yeux-rage au noir regard,
Souillée, sous le ciel blafard, elle rêve de lessive.
Effacée, timide, elle s’efforce de gommer ces instants atroces,
Ces sombres orages.
Hier, elle était bleuet, rêvait d’amour- toujours.
Affalée sur le chemin de latérite, lentement,
Elle rampe vers la roselière choisie pour abri.
Flétrie, fanée, jamais, se dit-elle, elle n’aurait dû se laisser aborder
Par ce rustre brut de décoffrage.
Son cœur déchiré pleure d’amères larmes.
Faire ripaille au festin des fêtes flamandes était un désir d’enfant.
Ses cils embroussaillés n’arrêtent plus ses larmes.
Noir désespoir ce soir.
Assommée, lessivée, elle s’endort sur la mousse rousse.
Par Monique – SEREINE EMBELLIE
Embellie, il ne pleut plus
Le moineau s’ébroue sous le bosquet.
Le ciel a brûlé son charbon.
Les nuages s’effacent ,discrètement.
L’océan se déstresse avec tendresse.
Le moineau affamé ripaille sous le bosquet.
Sous le ciel bleu les amoureux s’enlacent.
Une araignée tisse son fil,discrètement
Sereine embellie.
Atelier du 20 novembre 2018 Sylviane Blineau