DERRIÈRE LE MUR…
A – Vocabulaire – MUR –
. recherche de synonymes : barrière – cloison – enceinte – fortification – fronton – maçonnerie – muraille – muret – murette – parapet – paroi – rempart (s) – séparation –
. antonymes : aucune définition… nous avons pensé à « espace de liberté » ou « ouverture »…
B – Imaginez un texte, votre texte, en écrivant à partir des bribes suivantes à conserver dans l’ordre ci-dessous:
Derrière le mur……………..
……………………………………..
il y a………………………………
………………………………………
de toutes…………………………
……………………………………..
Désormais……………………..
…………………………………….
…………………………………….
……………..derrière le mur. ( ici point final)
Sylviane a écrit : J’ai laissé le soleil.
Derrière le mur, là où se lèvent des aubes sans nom, des orangés, des roses, j’ai laissé le soleil. Suis-je parti ? M’a-t-on jeté dans le sombre inconnu ? J’ai souvenance, peut-être, d’étés longs et brûlants, de leurs scintillements d’eau. Ce mur n’est pas une cloison, pas non plus un fronton majestueux, mais un rempart contre la vie. Ici le temps s’est replié dans l’ombre. Je sais – il me semble savoir – qu’il y a un mur. Le mur. Et moi, en pointillé maintenant.
Cils de pierre, mes yeux sont nus, mes mains sont vides, mes pieds statiques. Espace clos où je ne peux avancer. De toutes les mémoires perdues, de toutes mes pages, me reste ce qui n’est pas un blanc, mais le vide.
Je dors, mais entre parenthèses, puisque nuits et jours sont semblables. Aucun désir, aucun rêve. Ainsi atrophié, désormais emmuré, je renonce à sonder le mur. Pas un humain ne m’accompagne en cette prison de silence et d’oubli. J’ai tant d’années me semble-t-il ! De ces rejets je me nourris gravement, seul, toujours. À peine puis-je respirer ce soir, là, en pensée derrière le mur.
Marie-Christine a écrit : Derrière le mur.
DERRIERE LE MUR de ma maison c’est le néant. Autour de moi IL Y A juste le vide. Je passe mon temps à ne rien faire. La nuit, je ne rêve même pas. Je sais pourquoi j’ai choisi cet endroit. Cette maison. C’était la moins chère DE TOUTES. La plus isolée. La moins visible. J’avais envie de tranquillité. DÉSORMAIS j’y croupis. Le village est à sept kilomètres. Je n’ai plus de voiture. Il n’y a pas de bus. Tous les matins je me rends à l’épicerie. J’en reviens chargée. Comme c’est pas permis. Ma vie c’est comme de la survie. Qui ne sert à rien. Je n’ai plus de chien. Je l’ai enterré il y a deux ans. Dans le jardin. Pas DERRIÈRE LE MUR.
B – Chacun donne un titre à l’écrit A. À partir de tous ces titres mis en commun, nous allons construire un second texte où ils seront inclus. Ce texte s’appellera DEVANT LE MUR. Ces titres sont :
. j’ai laissé le soleil
. la demeure des fantômes
. fracture d’un temps
. liberté
. recommencer
. plein de vide
. la gondolière de l’âme
. le meilleur est à construire
. le parapet sur le temps qui passe
Par Sylviane – DEVANT LE MUR –
Je suis la gondolière de l’âme, celle qui porte les libertés vers la demeure des fantômes. Voyez mon allure déterminée, mes épaules vigoureuses, mes jambes bien ancrées au plancher noir. Dans la fracture d’un temps j’ai laissé le soleil juste devant le mur, dans l’axe à jamais plein de vide des vies nouvelles.
Je dis « vide » puisque tout est à recommencer.
Je dis « vide » et je porte les âmes en perçant leurs secrets. Car la demeure des fantômes, désormais en avant du mur, est mon nouveau domaine sur terre. Je veux y installer le jour, l’éclat des soleils blancs, le chant des libertés. J’ai appris sur les eaux que le meilleur est à construire.
Aussi j’avance, de lagune en lagune, droite, fière, porteuse des espoirs d’âmes. J’avance, je crie pour faire trembler tous les murs, prête à fleurir à nouveau le parapet sur le temps qui passe.
Vous me rencontrerez chaque matin, une étoile au front, sur ma gondole d’âmes. Et là, devant le mur, je vous ouvrirai grand la demeure des fantômes, débordant de
lumière.
Par Ghislaine : DEVANT LE MUR
Eurêka! j’ai réussi! j’y suis devant le mur! J’ai laissé le soleil derrière moi, je l’ai planté comme une courge sur la place du village.
Je suis à l’ombre devant la demeure des fantômes et je n’ai point peur… enfin juste un frémissement, quand même!
Je réfléchis sur la fracture du temps : avant c’est le meilleur à construire, c’est de la plénitude, des essais réussis ou non, l’imaginaire à revendre…après, après ma foi, c’est recommencer à croire au ciel, à la mer, aux pingouins….
Sur le parapet du temps qui passe dansent mes illusions, elles sont encore fort belles, vêtues de paillettes et de lin, elles m’étourdissent dans leurs cercles trépidants, une étrange liberté, pleine de vide, de soupirs, de rires, de ballons rouges, de mouettes arrogantes.
Une gondolière glisse sans bruit sur une eau dormante. Si je dessine ce soir, c’est une esquisse de couleurs chaudes sur les états de mon âme, sur une belle pierre plate, devant le mur.
Par Marie-Christine :
Et voilà ! ça RECOMMENCE. LA GONDOLIÈRE DE L’ÂME a eu envie de LIBERTÉ ! Elle croit que LE MEILLEUR EST A RECONSTRUIRE. Dans LA DEMEURE DES FANTÔMES. Ou ailleurs. Entre elle et moi il y a LA FRACTURE D’UN TEMPS révolu. Il y a PLEIN DE VIDE. Pour me consoler, j’ai détruit LE PARAPET SUR LE TEMPS QUI PASSE. La gondolière de l’âme l’avait érigé. Pour nous protéger. Tu parles d’une protection ! L’amitié ça ne dure jamais. Cette fois j’ai eu envie de tout, mais alors, tout quitter. J’AI LAISSE LE SOLEIL ; ça ne lui a rien fait. Il continue, le bougre, à briller.
C – Poème sur le thème « derrière le mur » –
Par Sylviane :
Derrière le mur
je vois des ombres douces
et des herbes jaunies
où l’automne s’applique
à chasser le soleil.
Oublieuse du ciel,
j’ai des larmes cachées
dans l’éventail du temps
devenu transparence.
Là, derrière le mur :
un signal, une faim
de mousse chronophage
à mes amours sans nom.
Par Marie-Christine :
Derrière le mur
Murmure le temps qui s’effiloche…
Derrière le mur
J’entends les râles de ma belle-doche…
Derrière le mur
Se terrent des trucs plutôt bien moches…
Par Monique :
Derrière le mur
La fleur de la tendresse
Le sourire d’un enfant
Derrière le mur
L’aube se lève
Dans sa robe de vent
La nuit déshabillée
Derrière le mur
Rêves et secrets
Murmures en bouquet
Douces fragrances
Des amours passant
Derrière le mur
Des empreintes de pas
Le souffle du printemps
Et toi
Qui m’attends.
Atelier du 25 septembre 2018