2 Mars 2018 carte blanche à Olivier Morin

VENDREDI ÉBOURIFFANT AVEC Olivier Morin

                               

Le bel alezan, dit un ses plus fervents admirateurs, fin lettré et poète.
Vendredi, dans une salle bien pleine, il nous a livré quelques tours de magicien des mots.

D’abord, dans une symphonie de verbes au futur, porteurs d’espoir, il a rendu hommage à la terre, sa compagne quotidienne pendant des années. Il la connaît, la courtise, l’honore et la respecte comme toute femme voudrait être honorée et respectée, dans le désir et une sensualité gourmande.

 » Nous inventerons des verbes nouveaux, qui te prennent par la main pour t’emmener ailleurs, des verbes à délecter, à mâchonner, à ruminer d’une lente mastication avec des embruns d’avoine. Des verbes sucre d’orge à réveiller les papilles, des verbes enrouleurs de langue, chatouilleurs d’oreille, embaumeurs de neurones, distilleurs de parfums, caresseurs d’onguents… des mots d’alcool-fleur et d’essence de fruits, des mots serpentins, des mots sarbacane. »

Pirouette. L’utopiste devient funambule sur le fil des mots. Il les bouscule, les oriente , désoriente, apprivoise, au gré de sa fantaisie. Et nous basculons dans une cavalcade burlesque, canaille, légère dans la forme, profonde dans le dire, « heureux qui comme un Suisse va faire un beau voyage, fermer son contentieux, ouvrir un compte en Suisse » , le corps cadencé au rythme de ses alexandrins, même dans sa prose.

Les rires fusent. Soudain l’émotion.

« Passé les check points,,, Un mur pour se lamenter, un autre lamentable. «  Le poème s’appelle « murmures galiléens ».

Car Olivier Morin est avant tout un humaniste. Penchez-vous sur ses chroniques poli-poétiques. Cherchez sur son site le spectacle « Exodes » qu’il a donné cet été à Avignon, lyrique, bouleversant. « Nous sommes tous des s’en vont »

Ce soir, le poète qui « écrit avec l’oreille » a choisi de nous envoler vers l’univers chatoyant de ses délires. Nous nous sommes laissé emporter. Finir en parlant de son sourire. Malicieux, tendre, généreux comme sa poésie. Comme le sourie de Shreck. Sauf que Olivier Morin est plus beau.

Simone Salgas, 5 mars 2018

Extrait du texte les poètes nous emmerdent