Atelier du 27 avril 2018 « Négritude »

NÉGRITUDE

Le mot est un HAPAX, c’est-à-dire qu’on le lui connaît qu’une seule utilisation, un seul exemple. Il apparaît en 1935, sans que l’on puisse affirmer qui en est à l’origine ( Aimé Césaire ou Lépold Sédar Senghor). Il s’agit aussi d’un courant littéraire.

Dans ce poème tiré de « Iles de la négritude », Aimé Césaire écrit :

Iles cicatrices des eaux

Iles évidences de blessures

Iles miettes

Iles informes

Iles mauvais papier déchiré sur les eaux

Iles tronçons côte à côte fichés sur l ‘épée flambée du soleil.

À partir de cet écrit, nous allons voyager dans nos propres îles. Auparavant, nous les aurons appelées, recherchées après – peut-être – les avoir définies.

A – Définition :

le mot ÎLE est issu du mot latin insula ( à la fois île et maison isolée). Même famille pour îlot, îlet, îlotier, îlotage, ilien, insulaire, péninsule, presqu’île, isolé et ses dérivés… Insuline également d’origine anglaise -).

En relation avec le mot ÎLE, javeau : île de fleuve et de rivière.

B – Imaginer une île, LA VÔTRE. La décrire ou nous la faire deviner dans un texte intitulé : 24h sur l’île.

Attention : Ne pas utiliser une seule fois le mot ÎLE !

24 heures sur l’île Par Marie-christine –

J’ai nagé de port en port. Ne trouvant à manger que des crevettes. J’ai croisé des pirates. Mais ne leur ai pas parlé. On ne sait jamais. Suis arrivée crevé. Mais ravi. A l’horizon pas un rat. Juste un perroquet. Sur un manguier. Au milieu des dunes, un refuge. Ephémère. En bois flotté. J’avais atteint mon paradis. J’allais y vivre en autarcie. Le restant de ma vie. Ce serait mon repaire. Au milieu de l’océan. Un lopin de terre. Ou plutôt de sable. Jusqu’alors inconnu.

En cette fin d’année 1837 je prenais possession d’un endroit idyllique. Sans nom. Sans rien. A part 6 cocotiers. Un manguier. Et la mer. A ma portée. La plongée je connaissais. J’aurais toujours de quoi manger. En plein milieu de la soirée, le perroquet s’est approché. Est venu discuter. Sur l’instant je n’ai pas réalisé. Il me parlait en français. Qui donc le lui avait enseigné ? Il m’a juste précisé que c’était un secret. Et sur ce, il m’a quitté.

J’ai vite sombré dans les bras de Morphée. Que cette première journée était vite passée ! J’étais arrivé crevé. Je la finissais intrigué. 

 A cause d’un perroquet ! ….ça promettait !!!


24 heures dans l’île – par Sylviane –

Matin tranquille. Une écharpe de bleu, timide encore et – je le devine – plus loin, l’immensité du ciel. L’air frais m’a réveillée, voici qu’il m’enveloppe en ses bras salvateurs.

Je suis dans le cocon du temps suspendu. Dans ce pointillé d’heures, le lit reste refuge où j’ai plongé hier, ivre d’iode et de vent. Bientôt mouettes et goélands dans leur ronde glissée, criards, insistants. Bientôt les chats esquissant au jardin leurs danses de bois flottés.

Elle va m’appeller, mrmurante d’abord puis possessive, exigeante. Car je suis sienne et plus rien ne compte que nos accolades renouvelées. Mais, rétive, je ne veux que garder le lit en cet instant. Je l’écoute distraitement se défaire des lambeaux de nuit. Le vent s’est couché, instant quasi magique où l’esprit vagabonde. Où corsaires et flibustiers ajustent leurs bandeaux sur des cheveux mêlés d’or bleu, celui des trésors enfouis. Ces héros de mon enfance avaient des noms exotiques et leurs sabres d’abordage tranchaient sans pitié têtes et noix de coco…

Mais elle, toujours là, surgit, m’envahit, s’incruste, arrache draps et couvertures. Me lance en riant pull marin, jean, bottes. Elle crie. Elle exige. Debout, je quitte l’éphémère pour affronter avec elle sables et rochers, sur la trace des chemins de mémoire. Et je tombe dans ses bras d’amante. Elle approche, s’empare de mes mains, de ma taille. Une. Nous ne faisons plus qu’une dans la même blondeur farouche.

Le sable glisse sous mes pas vers les criques où la mer cogne ses fleurs d’écume. Plus rien ne compte que l’instant, l’outremer mêlé au gris-vert, les scintillements d’eau. Ne rien faire. Ne plus rien faire ni dire. L’attachement, qui est peut-être de l’amour, se gonfle à chaque inspir… Suis-je algue brune ou flaque d’eau ? Surtout ne pas savoir.

Je suis si liée à elle, si livrée, si bellement heureuse… L’heure a passé, devenue brune – la brunante ! – génitrice d’une autre vie. Les ombres se précisent, couleur d’ambre brûlé. Alors, vite, regagner l’asile dans l’asile, le lit !

C – Écriture poétique, sous forme d’anaphore également, en référence au texte de départ d’aimé Césaire. Anaphore avec évidemment le mot ÎLE.

Îles des inconnus lointains

ïles refuges d’intimité

îles connaissance de soi

îles déchiquetées

îles de vents perdus

îles chancelantes

îles rongées de ressac et de sel

îles des voyages fracturés

îles îles très îles.

Sylviane