Atelier du 12 septembre 2017 « Écrire pour qui ? »

ÉCRIRE POUR QUI ?

Ce que nous savons de l’écriture 

. Environ 3300 av. J.C. ( env. 1500 signes, pictogrammes et idéogrammes) à UR ou OUR (Irak actuel).

. Cunéiforme ( en forme de clou) chez les sumériens, tablettes d’argile (600 signes maxi) – 1ère évolution, certains signes représentent un son.

. Egypte : hyéroglyphes sur papyrus, lecture de D à G. Ensuite écriture cursive puis 650 ans av. J.C. Écriture démotique. ( égyptien usuel, simplifié, non sacré)

. En Grèce et en Crète(Knossos) tablettes d’argile et gravure sur pierre, évolution du linéaire au disque de Phaïstos (-2000 à -700)

. Chine, seule civilisation ayant conservé son écriture depuis 6 000 ans.

. Alphabet : inventé à Ougarit ou Ugarit il y a env. 3400 ans. (actuellement Ras Chamra en Syrie)

A – APPRENTISSAGE DE L’ÉCRITURE.

Vous expliquez à vos petits-enfants ( ou votre) ce qu’est l’écriture pour vous, découverte des lettres, de leur utilité. La scène se passe dans une maison de famille avec un jardin et de grands arbres. Il y a une cheminée ancienne et un chat. Imaginez le reste.

Parlez de la caligraphie, peut-être du temps où l’on utilisait la plume et l’encre violette. En un mot donnez-leur l’envie d’écrire et d’aimer cela.

Qu’ importe la forme, rédigez un texte SIMPLE ( ce sont des petits !)

Mots et merveilles

Pierre s’était assis devant son grand-père, attendant qu’il lui lise une histoire tirée du livre de contes qu’il avait reçu pour Noël. Mais son grand-père en décida autrement, et lui dit : « Si tu me promets d’être un bon garçon et de t’endormir sagement, je vais te raconter une histoire mystérieuse, celle des mots. »

Il commença ainsi :

– Il était une fois un mot qui n’était jamais sorti de la bouche d’un petit garçon qui s’appelait Roland. Lorsqu’il dormait, le mot se glissait sous la langue de l’enfant, et il y déposait un goût fabuleux qui changeait chaque nuit. Tantôt c’était le goût d’une fraise des bois, tantôt celui d’un caramel, tantôt celui d’unefleur de miel. Au réveil, le mot se cachait sous la langue du petit garçon, car il avait peur que Roland ne le croquât tout vivant.

Mais bientôt Roland s’aperçut de ce mystérieux intrus et il voulut en parler avec son grand-père, Albert :

– Mon cher grand-père, lui dit-il, pourriez-vous m’expliquer pourquoi, lorsque je meréveille, je sens un doux frémissement sous ma langue et que j’ai l’impression que quelqu’un s’y cache ?

Le grand-père, ébahi, lui répondit :

– C’est sans aucun doute un mot qui cherche à sortir de ta bouche.

– Un mot ? répliqua Roland, qu’est-ce qu’un mot ?

Le grand-père sourit et poursuivit de la sorte :

– Un mot, mon enfant, est un petit être magicien sans corps qui glisse entre tes lèvres pour aller déposer dans le monde une musique sur chaque chose, sur chaque être, et sur tout ce qui nous entoure.

Regarde, le chat qui dort sur le fauteuil de grand-mère. Si tu veux l’embrasser sans le réveiller, tu dis le mot « chat ! » et si tu veux te réchauffer les mains devant le feu tu dis alors « feu ! »

Ainsi vois-tu, tous ces petits mots naissent en nous et lorsque nous parlons ils vont se poser, comme les couleurs d’un arc-en-ciel, surtout ce qui existe dans le monde.

– Alors dites-moi, grand-père, comment s’appelle le mot que j’ai sous la langue ?

– Et bien souffle nigaud et tu le sauras !

L’enfant se concentra et d’un long souffle dit : « renard ».

Aussitôt derrière les carreaux de la fenêtre se glissa un renard au magnifique poil roux.

– Oh ! dit l’enfant dans un éclat de surprise.

– Oui, répondit le grand-père, avec les mots, le monde entier ouvrira pour toi des boîtes remplies de surprises, mais il faut aussi savoir les écrire pour s’en

souvenir, et de cela nous en parlerons demain soir, car il est déjà tard, très tard.

À ce moment-là la pendule de la cheminée sonna neuf heures et le marchand de sable passa.

Francis S.

B – A partir du poème GRIFFONAGE du poète mexicain OCTAVIO PAZ, rédigez un texte EN PROSE.

Il est demandé ici de rester dans l’atmosphère de son écriture poétique pour dire exactement ce qu’il exprime en vers libres.

Extrait de «  LE FEU DE CHAQUE JOUR », ( D’un mot à l’autre)

GRIFFONAGE

Avec un morceau de charbon

avec ma craie écrasée et mon crayon rouge

dessiner ton nom

le nom de ta bouche

le signe de tes jambes

sur le mur de personne

Sur la porte interdite

graver le nom de ton corps

jusqu’à ce que la lame de mon couteau

saigne et la pierre crie

et le mur respire comme un sein

Obsession

Je te vois partout dans la ville

T’écrire, te dessiner à la craie, avec du gravier, de la poussière

Tracer ton nom sur les miroirs avec ton rouge à lèvres

Dessiner jusqu’à l’aube ta bouche sur les vitres embuées

Graver ton corps, tes hanches, sur les murs de la vieille Charité

Mon laguiole geint, les pierres pleurent

Tu me manques tant !

Tatouer ton nom, tes yeux, sur mon corps assoiffé

Le tatoueur ne trouve plus une seule place

Sur mes chairs souffrantes, mes chairs saignantes

Crier, hurler mon désir de toi

Clamer ton nom pour que tu te souviennes, pour que tu reviennes

Enfin, t’écrire un poème, le clouer sur la porte interdite

Simone F.

D – POÈME À COMPLÉTER (Octavio PAZ) tiré de « D’un mot à l’autre »

GOLDEN LOTUSES – CANEVAS à compléter –

Jardins décoiffés

maison comme un
Il y a beaucoup

beaucoup de

inconnues.

Violettes et

sur des et des flétris

les empreintes digitales

des

Luxe et poussière.

Chaleur

La maison est blonde.
La femme le vent.

1 – Marie-Christine P.

Jardins décoiffés, perruques désherbées

maison assoiffée, peigne abandonné comme (un) je le fus un temps. Il y a beaucoup de toi en moi

beaucoup de choses incongrues mais surtout

inconnues.

Violettes et pensées meurtries

sur des esprits et des corps flétris

les empreintes digitales vont de ciel en ciel

des fantômes interdisent leur réveil.

Luxe et poussière.

Chaleur de la chair

La maison est luxe pour une souris blonde.
La femme n’aspire à ne respirer que le vent.

2 – Sylviane S.

Jardins décoiffés ébouriffés de lune,

maison livide comme un lait de nuit,
Il y a beaucoup de musiques

beaucoup de notes dispersées, libres et

inconnues.

Violettes et blancs iris alanguis

sur des eaux et des sables flétris , là où toujours s’étiolent

les empreintes digitales

des vents marins.

Luxe et poussière.

Chaleur de la dune asséchée, des bouches juste après l’amour…

La maison est restée statique, pâle et blonde. La femme alors s’enroule dans le vent.

Comparons ces deux textes issus du même schéma. Deux atmosphères différentes, mais à chaque fois des mots significatifs.

Pourquoi l’écriture ?

Une écriture devenue indispensable Naissance de l’écriture

Les origines de l’écriture – le début de l’Histoire
On a l’habitude de dire que la Préhistoire se termine avec la naissance de l’écriture. C’est effectivement avec ce changement culturel que l’homme va rentrer dans l’histoire et commencer à laisser des traces écrites. Les premiers écrits servaient surtout de livres de comptabilité ou d’inventaires. Mais l’homme va rapidement utiliser ce nouveau moyen de communication pour raconter des histoires… et surtout son histoire !

L’art rupestre, une première forme d’écriture ?
Il y a 40 000 ans, l’homme préhistorique commence à graver, peindre. Sans parler d’écriture on peut déjà remarquer que nos ancêtres ont cherché à communiquer, à transmettre un message, à témoigner (?)… Les grottes des Combarelles, de Font de Gaume ou de Lascaux laissent une impression très forte lorsqu’on les visite, comme si l’homme préhistorique avait voulu nous dire quelque chose, nous transmettre sa pensée. Il est pour l’instant difficile de comprendre le message. Si les tentatives d’explication des gravures pariétales sont nombreuses, aucune ne fait vraiment l’unanimité…
comme moyen de communication
L’écriture est devenue un véritable « besoin » avec le développement d’un système de société hiérarchisée, l’existence d’un pouvoir centralisé, l’émergence des religions.
Les temples, centres de pouvoir religieux mais aussi administratif, vont devoir s’organiser, comptabiliser et mesuser. Les échanges commerciaux entre villes et contrées se multipliant, il faudra formaliser les actes de ventes.
Les « calculis » (voir ci-contre), ancêtres de nos factures, vont assez vite être remplacés par des tablettes d’argile dont le format va permettre d’indiquer le propriétaire d’un bien, et d’inventorier la totalité des marchandises.

L’écriture est née il y a 6000 ans dans deux contrées voisines, la Mésopotamie et l’Egypte, de manière presque simultanée mais différenciée. Si les hiéroglyphes égyptiens et les pictogrammes sumériens sont tous les deux formés de petites images, celles-ci sont totalement propres à leur région.

Les calculis
Pour faciliter les échanges commerciaux, les marchands utilisaient de petits objets en terre cuite qui représentaient la marchandise accompagnée.
Valeurs des calculi : le petit cône valait 1, la petite boule 10, le grand cône 60 et le grand cône percé 600.
Pour « sceller » la transaction, ces figurines étaient enfouies dans une masse d’argile arrondie.